8 mars : Hommage à Jeanne Barret

En ce 8 mars, jour international des droits de la femme, nous avions envie de vous parler de Jeanne Barret, cette femme exceptionnelle, intelligente et téméraire, qui fut la première femme à faire le tour du monde et sans qui, nous ne saurions peut-être pas qu’un Hortensia s’appelle un Hortensia !

L’Histoire de la botanique avec un grand H

L'Histoire avec un grand H (comme homme ;-) retient que c’est Philibert Commerson, médecin naturaliste, botaniste qui embarque à Rochefort en 1767 sur l’Etoile pour un voyage autour du monde avec Louis de Bougainville. C’est lui qui, à l’escale de Rio de Janeiro découvre une liane magnifique aux bouquets de fleurs d’un violet lumineux et la dénomme Bougainvillea en hommage au navigateur. Accueilli par Pierre Poivre, herborisant sur l’ile de France et l’ile Bourbon (la Réunion) c’est lui qui décrit une plante et la dénomme Hortensia. (Une plante qui avait probablement été apporté du Japon sur l’Ile par des navigateurs hollandais)

Pourtant, dans l’ombre de Philibert Commerson, s’activait au quotidien auprès de lui, Jeanne Barret. Jeune paysanne, orpheline, elle est tout d’abord embauchée comme gouvernante par Philibert Commerson, alors jeune veuf avec un enfant en bas âge. Mais l’intelligence et la curiosité de la jeune femme, lui font rapidement prendre en charge d’autres missions telles que classer les herbiers puis progressivement devenir le bras droit et .. l’amante du botaniste.

Jeanne / Jean, embarquée sur l'Etoile pour le voyage autour du monde avec Bougainville

En 1765, Commerson est invité à rejoindre l’expédition de Bougainville, mais il hésite sa santé est fragile. Il négocie d’être accompagné. Comme la présence des femmes est interdite sur les bateaux du Roy, c’est en tant que Jean Barret dit Bonnefoy, que Jeanne embarque sur l’Etoile, déguisée en homme. Il lui en faudra du courage et de ruse pour vivre ainsi, dans le manque d’intimité d’un bateau, avec la dureté des tâches à accomplir.

La plus grande collection d'histoire naturelle de l'époque

Au cours de ce voyage, Jeanne aida Commerson à amasser la plus grande collection personnelle d’histoire naturelle connue à l’époque. Des milliers de spécimens de plantes se trouvent encore dans l’herbier du musée d’histoire naturelle de Paris, mais peu portent le nom de Jeanne.Commerson malade en mer, puis handicapé avec un ulcère récurrent à la jambe, Jean Baret acquière une réputation de force et de courage. Commerson l’appelle « sa bête de somme » Néanmoins le doute s’installe au cours du voyage sur ce jeune homme imberbe à la silhouette … C’est à Tahiti que les indigènes peu sensibles au code vestimentaire, entoure Jean / Jeanne en criant « Ayenné, ayénné, … vahiné / fille fille !) et voilà le secret dévoilé.

Lorsque l’expédition de Bougainville fait escale à l’ile de France, Philibert et Jeanne quittent le voyage et s’installent sous l’hospitalité de Pierre Poivre, botaniste, vieil ami de Commerson et gouverneur de l’ile. Jeanne continuera à son rôle d’assistante botaniste et de gouvernante de Commerson jusqu’au décès de celui-ci en 1773. Jeanne épouse en 1774 un officier de marine française et rentre en France en 1775, c’est cette année qu’elle termine sa circumnavigation. Elle est sans conteste la 1^ère femme à avoir réalisé le tour du monde en bateau.

Hommage de Commerson à Jeanne Barret

En son hommage, Philibert dénomme une plante du nom de Baretia bonnafidia. Dans le romande de Christel Moucard, l’Aventuriere de l’Etoile, on apprend que Philibert Commerson écrit dans ses notes en latin cette dédicace où perce moins d’amour que d’estime mais autant de gratitude que d’admiration : « Cette plante aux atours ou au feuillage ainsi trompeurs est dédiée à la vaillante jeune femme qui prenant l’habit et le tempérament d’un homme eut la curiosité et l’audace de parcourir le monde entier, par terre et par mer, nous accompagnant sans que nous-mêmes ne sachions rien. Tant de fois, elle suivit les pas de l’illustre Prince de Nassau, et les nôtres, traversant avec agilité les plus hautes montagnes du détroit de Magellan et les plus profondes forêts des îles australes […]. Elle sera la première femme à avoir fait le tour complet du globe terrestre, en ayant parcouru plus de quinze mille lieues. Nous sommes redevables à son héroïsme de tant de plantes jamais récoltées jusqu’alors, de tant de collections d’insectes et de coquillages, que ce serait préjudiciable de ma part, comme de celle de tout naturaliste, de ne pas lui rendre le plus profond hommage en lui dédiant cette fleur. » [1]

Pour en savoir plus :

- A écouter : le podcast de Ouest France Les grandes exploratrices : Jeanne Barret

- Dans toutes les bonnes librairies : L'Aventurière de l'Etoile par Christel Mouchard aux Editions Taillandier - Aout 2020

- The conversation : Femmes pionnières Jeanne Barret , première femme à avoir navigué autour du monde

- La Revue du CCVS : Hommes & PLantes N° 78 (Juillet -Septembre 2011) - Le Botaniste de Bougainville Pgilibert commerson, Jeanne Barret découvreurs de plantes.  par Françoise Lenoble Predine

Et aussi :

Sur Wikipedia : Philibert Commerson  - Jeanne Barret

 - Illustrations issues de la bande dessinée : Les Passagers de Venus

Et pour découvrir la diversité des Bougainvilliers :

-> La collection CCVS des Ets Horticoles du Cannebeth